La faim et la misère dans le monde

La logique impérialiste des puissants de ce monde triomphe sur le bien-être collectif de l’humanité. La main invisible du Marché décide chaque jour qui va vivre et qui va mourir. Et ce sont les plus démunis de la terre qui périssent, tandis que les puissants jubilent en imposant la privatisation du monde. La distribution équitable des biens sur cette planète est une chimère lointaine. On assiste à la destruction, par la misère, d’une partie grandissante de l’humanité. Pour que s’enrichissent honteusement deux pour cent de la population du globe, quatre-vingt-dix-huit pour cent doivent vivre misérablement.
À chaque jour, cent mille personnes meurent de faim sur la terre. Un nombre effarant de près d’un milliard d’êtres humains sont sous-alimentés. Toutes les sept secondes, un enfant meurt de faim dans le monde.
La moitié de la population mondiale, soit près de trois milliards de gens, doivent se loger, se nourrir, se soigner et s’instruire avec moins de deux dollars par jour. Sur ce nombre, un milliard et demi de miséreux subsistent avec moins de un dollar par jour.
Quatre personnes sur cinq, soit 4,6 milliards de gens, vivent dans des bidonvilles. Près d’un milliard d’entre eux ne savent ni lire, ni écrire.
Quatre-vingt-dix pour cent des personnes atteintes du sida, soit plus de trente millions, vivent dans le tiers monde. Quatorze mille cas apparaissent CHAQUE JOUR, sans que ces derniers ne reçoivent des soins adéquats. En 2003, plus de quinze millions d’enfants, dont quatre-vingt pour cent en Afrique, étaient des orphelins du sida. L’Unicef prévoit qu’ils seront plus de dix-huit millions en 2010.
Trois grandes menaces pèsent sur les enfants du monde : (1) la pauvreté, (2) les conflits armés et (3) le sida. Plus d’un milliard d’enfants, soit plus de la moitié des enfants du monde, sont en péril (Unicef, le 9 décembre 2004).
Sur les cinquante-neuf conflits armés dans le monde, entre 1990 et 2003, cinquante-cinq ont été des guerres internes. Les victimes ont été surtout des femmes et des enfants. Sur trente-six millions de victimes, quarante-cinq pour cent étaient des enfants.
En l’an 2001 seulement, la misère et le sous-développement dans le monde, ont fait plus de cinquante-huit millions de victimes. Le manque de revenus, de nourriture, d’eau potable et d’accès aux soins médicaux, a causé plus d’un milliard d’invalidités graves et permanentes.
Sur le milliard et demi de personnes qui survivent avec moins de un dollar par jour dans les pays du tiers monde, cinq cent millions vont mourir avant d’avoir atteint l’âge de quarante-cinq ans.
Au Brésil, deux pour cent des propriétaires fonciers détiennent quarante-trois pour cent des terres arables, tandis que quatre millions et demi de familles de paysans sans terre, errent sur les routes, humiliées et misérables. Dans ce pays, cent millions de personnes vivent dans la plus grande pauvreté.
En Amérique Centrale, le nombre de personnes souffrant de la faim, a atteint le nombre incroyable de six millions et demi, sur une population totale de vingt-huit millions.
A Bombay, en Inde, la moitié de la population vit dans des bidonvilles et dans des conditions inhumaines.
Durant ce temps, les deux cent personnes les plus riches de la terre, voyaient leur patrimoine augmenter de quatre cent soixante-trois milliards en 1990, à mille milliards en 1999. Alors que ces riches augmentaient leurs revenus de soixante-deux pour cent, les pauvres voyaient le leur, diminuer de dix-sept pour cent.
La troisième guerre mondiale est en marche depuis un certain temps. C’est celle que livrent les puissants de ce monde contre les milliards de pauvres sur la terre. Les hommes politiques se sont évidemment rangés du côté des puissants.

Peut-on supprimer la misère dans le monde?

Avant de lancer une réponse définitive et assurée, réfléchissons posément et rationnellement à la question.
Tout d'abord, il est présomptueux d'avoir une certitude concernant le futur. Affirmer une impossibilité c'est avoir une telle certitude.On peut certes parler de quasi-impossibilité dans certains cas : est-il possible de s'envoler en battant des bras ? de se réveiller lorsqu'on est mort ?… disons que c'est très improbable !Donc, à la question " peut-on supprimer la misère dans le monde ? " la réponse est oui. Mais cela ne nous avance guère.La question qui nous intéresse est plutôt : " y a-t-il des chances raisonnables que nous puissions supprimer durablement la misère dans le monde et pour quel coût ? "
Si nous trouvons une action ayant ces " chances raisonnables " pour un " coût raisonnable ", il ne nous restera plus qu'à l'entreprendre (si, du moins, nous désirons effectivement supprimer la misère dans le monde !)
Par " supprimer la misère dans le monde ", nous entendons bien sûr, éliminer le phénomène massif qu'elle constitue aujourd'hui : un tiers de l'humanité, soit deux à trois milliards d'individus est sous-alimenté*. Il sera toujours possible que quelqu'un ait faim pour des raisons exceptionnelles : perdu dans le désert, englouti dans une avalanche etc. Nous parlons ici d'une réalité économique.
Certes, on se doute bien que cela ne peut être l'œuvre d'un seul homme… ce sera à chacune des personnes intéressées de contribuer à son niveau.Elle contribuera si elle accepte l'effort correspondant, et si elle estime que suffisamment d'autres le font pour que l'entreprise ait des chances non négligeables de réussir…
Quelques chiffres
Commençons par examiner ce que cela coûterait financièrement, et voyons si nous disposons de l'argent nécessaire.
Un rapport du très officiel PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) a évalué ce coût pour l'année 1998 :Satisfaction de tous les besoins nutritionnels et sanitaires (là où ils sont actuellement insatisfaits dans le monde): 13 milliards de dollars.Donc, pour 13 MD par an, plus personne n'aurait ni faim ni soif.
Cette somme peut paraître impressionnante pour un particulier, mais pour se rendre compte de ce qu'elle représente, il faut la rapporter à des choses comparables.Il faut avoir en tête, par exemple, que les Européens et les Américains (soit un sixième de la population mondiale) dépensent, rien que pour l'alimentation de leurs animaux domestiques, 17 milliards de dollars par an… Ils dépensent également plus que cette somme rien qu'en parfums ou crèmes glacées. Les Européens à eux seuls dépensent pour leurs cigarettes, 50 milliards de Dollars.Quant à des activités aussi vitales que la publicité ou l'armement, elles représentent respectivement 500 MD et 1000 MD...
Il est donc évident que l'on dispose de la somme en question... ou, pour être plus exact, que l'on pourrait aisément la libérer, sans sacrifier quoi que ce soit à notre bien être… (en réduisant légèrement les dépenses pour l'armement ou la publicité par exemple).Bref, la nourriture ne manque pas, ni les moyens de la produire et de la distribuer…
Au vu de ces chiffres, on peut même se demander si l'égoïsme et la stupidité ne l'emportent pas largement sur notre disposition à l'amour et à la fraternité.Cela est d'ailleurs une idée fort répandue alimentant le fatalisme, l'inaction et le cynisme.Pourtant…
Une petite expérience
Prenons un être humain au hasard, et proposons-lui l'expérience virtuelle suivante: imaginer qu'il gère le budget dont l'humanité dispose visiblement (plus de 2000 MD), qu'il soit en son pouvoir de l'affecter aux différents besoins (alimentation, parfumerie, divertissement etc.) de l'ensemble de la population...Il est probable qu'une large majorité des personnes placées dans cette situation commenceraient par assurer une alimentation correcte pour tous avant de satisfaire une vie luxueuse pour certains... Un être humain qui répartirait ce budget comme il est effectivement réparti aujourd'hui pourrait aisément être qualifié de fou furieux...
Donc, sommes-nous si "égoïstes" que cela ? Le sens de la justice, de la fraternité est-il si absent que cela ? Non, puisque, pris individuellement, nous commencerions par éliminer la misère matérielle de la planète, voire répartirions les ressources d'une façon plus juste.Cette petite expérience montre que l'on ne peut se contenter de déplorer le manque de fraternité, et qu'une organisation économique différente pourrait résoudre le problème sans que l'homme ne soit fondamentalement changé.
Mieux, elle suggère une première solution possible : qu'un seul homme décide de la répartition des richesses ! Le résultat serait difficilement pire que la situation actuelle... Mais rien ne nous garantit que, par malchance, ce ne soit pas un fou furieux... De plus, l'Histoire montre que, souvent, le pouvoir rend fou...
Une solution plus satisfaisante serait que l'humanité décide collectivement (par un vote) de la répartition des richesses. Nous serions alors pratiquement assurés de l'abolition de la misère, d'un monde beaucoup plus juste. Car une décision est généralement plus équitable lorsqu'elle est prise par l'ensemble des personnes concernées que lorsqu'elle est prise individuellement et secrètement.Cette solution nous épargnerait également les problèmes liés à la quête du pouvoir…
Bien sûr, dans cette expérience virtuelle, il est supposé que les richesses sont déjà produites. Il ne faut pas oublier que cette production nécessite du travail, et que, pour travailler, l'homme a besoin d'une motivation. Or, il est peu probable que les hommes produisent autant de richesses qu'actuellement s'ils ne sont plus motivés que par un gain collectif. Ceci, en particulier parce qu'il est plus difficile de faire confiance en un grand nombre de personnes, qu'en soi-même seulement.La plupart des hommes sont suffisamment altruistes pour décider de répartir équitablement un certain nombre de biens, mais peut-être pas pour accomplir le travail nécessaire à leur production.Reste que la production du nécessaire, sans le superflu que représentent les armes, les drogues, les gadgets inutiles qui inondent notre société de consommation, ne représenterait pas un travail considérable, compte-tenu de la productivité actuelle. On peut s'attendre à une forte réduction du temps de travail… et de la pollution ! Cette sur-production actuelle est-elle si désirable que cela ? Est-elle nécessaire au bonheur ?Il est hautement probable que les hommes accepteraient de produire le nécessaire s'ils avaient l'assurance que ce travail était justement réparti.
Une autre économie
Imaginons un système économique où la répartition des peines et des bénéfices serait équitable ; fondamentalement, elle serait décidée collectivement. Ceux qui voudraient consommer un peu plus, pourraient le faire un travaillant un peu plus, dans la mesure où l'éco-système n'est pas mis en danger. Au vu de ce qui vient d'être dit, ce serait une solution réaliste à notre problème, car ne nécessitant pas une modification de la nature humaine.
Bien sûr, une telle organisation démocratique à l'échelle de la planète est concrètement difficile à mettre en place. Résorber la misère du jour au lendemain est parfaitement invraisemblable !Mais que des volontaires se mettent à vivre autrement, progressivement, leur succès incitant d'autres à les rejoindre… cela est parfaitement envisageable et peut raisonnablement laisser espérer, pour le long terme, une influence sensible à grande échelle, voire l'éradication définitive de la misère et, par la même occasion, de bien d'autres fléaux (pollution, oppression, conflits, criminalité…)
Car ce qui a été dit de la communauté humaine : décidant collectivement de sa consommation, est également valable pour une petite communauté… A ceci près que dans une petite communauté, il est plus facile de gérer les choses, ce qui augmente la confiance nécessaire à la motivation de chacun…D'où l'idée d'une organisation planétaire sous la forme d'un réseau de petites communautés économiques. Un tel système présente en outre l'avantage de pouvoir être mis en place au fur et à mesure de la prise de conscience nécessaire.
On connaît les difficultés à mettre en place un tel système à grande échelle : quelle assurance, pour le paysan russe de pouvoir passer l'hiver, lorsqu'il devait donner toute sa récolte à l'armée ? On imagine qu'il n'était guère enclin à travailler avec zèle. L'homme moyen n'est peut être pas complètement égoïste, mais il n'est pas non plus indifférent au sacrifice de sa personne…A l'inverse, un communisme à petite échelle fonctionne : Kibboutz, communautés religieuses etc.
Mais ne risque-t-il pas d'y avoir des inégalités importantes entre communautés, ne risque-t-il pas d'y avoir des communautés miséreuses ?La transparence communautaire favorise un comportement plus " éthique ". Ce phénomène n'est sans doute pas suffisant. Une éthique universaliste, une mobilité intercommunautaire, pourront également aider à cela. Ainsi, la solidarité jouera, mieux encore qu'elle ne le fait aujourd'hui, en cas de catastrophes naturelles, par exemple.
Cette organisation en petites communautés (plutôt qu'une seule grande) aurait entre autres avantages de pouvoir être mise en place facilement et progressivement, à partir du système actuel. De plus, en expérimentant à petite échelle, on fait moins courir de risque à la collectivité, on perçoit mieux ce que l'on fait, on s'affranchit de la nécessité d'une bureaucratie (décisions collectives, tâches tournantes etc.) …De plus, cela permet une diversité de modèles économiques apte à satisfaire plus de monde… Et même à l'intérieur d'une communauté, il n'est pas obligatoire que chacun travaille et consomme exactement de la même façon... Place à l'imagination, à l'invention de nouveaux systèmes, dans le cadre d'une économie fondée sur le partage d'un capital commun, plutôt que sur la propriété privée !
Un petit sondage
Il serait intéressant de faire le sondage suivant : demander aux gens s'ils sont prêts à accepter ce système compte-tenu du fait que ce dernier réduirait considérablement un certain nombre de fléaux : la misère, les guerres, la pollution, la criminalité etc., en leur précisant qu'il ne s'agit pas de se prononcer sur sa viabilité, mais sur leur acceptation ou non du mode de vie correspondant. Ce dernier impliquerait en effet la réduction d'une certaine facilité à consommer n'importe comment et à exploiter autrui… La question serait : " accepteriez-vous ce coût, pour ce résultat ? ", " accepteriez vous ce mode de vie dans l'hypothèse où vous êtes suffisamment nombreux à le faire pour que la misère soit effectivement résorbée ? "
Ceux qui répondent positivement pourraient décider de vivre ainsi…Or, il est très vraisemblable que si les participants d'un tel système sont volontaires, il a toutes les chances de bien fonctionner… Surtout si l'accomplissement par chacun de sa part de travail est contrôlée (comme c'est déjà le cas pour un employé). S'il n'y a pas un tel contrôle, il est à craindre en effet que le niveau d'abnégation ne soit pas suffisant pour que ça fonctionne…
Un tel mode de vie n'aurait pas qu'un intérêt purement humanitaire, il peut séduire par le bien-être qu'il procure : des rapports humains plus riches, chaleureux, harmonieux et authentiques que dans un échange commercial, une activité plus libre et diversifiée, plus sereine et proche de la nature…
Il est possible que si la sécurité matérielle des membres est relativement bien assurée, même des personnes actuellement privilégiées (riches) pourraient accepter ce changement de mode de vie… Ce changement n'est-il pas hautement désirable pour quiconque se recentre sur ses besoins essentiels ?La possession des biens matériels conduit à la rivalité et à la peur, contrairement à un juste partage des ressources...Si un plus grand nombre de personnes prennaient le temps d'identifier ce qui leur apporte un bonheur durable, ce petit sondage pourrait déboucher sur une révolution... sans violence.
L'utopie
Bien sûr, on peut rêver à ce qu'un tel changement économique ne soit pas nécessaire. On peut rêver d'une élévation subite du niveau d'altruisme, faisant que les riches donneraient aux pauvres suffisamment pour éradiquer la misère, et recommenceraient chaque année… Le budget du PNUD (ONU) est actuellement (2006) de 0.9 MD. Le budget total des grandes organisations caritatives est loin de dépasser le MD (contrairement à certaines fortunes personnelles !) En vertu de quoi, subitement, la nature humaine changerait-elle ?Et quand bien même les riches donneraient suffisamment, cela serait-il vraiment satisfaisant ? Les pauvres ne seraient-il pas assistés, et tentés de le rester ?Bien sûr qu'en théorie, si l'homme était suffisamment altruiste, la misère pourrait être supprimée même avec une organisation capitaliste, mais, comme on peut aisément le constater, ce n'est pas le cas aujourd'hui, en dépit de la forte présence des morales et des religions depuis des millénaires…Bref, rien de vraisemblable ni de satisfaisant de ce côté là…
Entendons-nous bien : nous ne proposons pas ici un monde parfait, des communautés idéales. Seulement une organisation économique plus respectueuse d'autrui et de l'environnement, moins génératrice de misère, d'oppression, de conflits et de destruction.Pourquoi ces communautés seraient-elles plus invivables que ne le sont les entreprises, les familles, toutes les collectivités actuelles ? Une certaine naïveté nous fait crier à l'échec dès que surgit le moindre problème dans une communauté alternative, tandis qu'ils abondent quotidiennement dans nos communautés traditionnelles.Ces communautés économiques intentionnelles permettraient au contraire de prendre à bras le corps un certain nombre de problèmes humains, dans de meilleures conditions (ne serait-ce que par la possibilité de choisir ses compagnons). Elles ne dispenseraient pas d'apprendre à vivre ensemble, elles y aideraient.Aucun progrès n'est possible si l'on exige la perfection tout de suite. Les utopiques ne sont pas ceux qui construisent un monde meilleur, qui se donnent les moyens de résoudre les problèmes, ce sont ceux qui ne font rien du fait de leurs exigences irréalistes, ceux qui s'abstiennent de penser sérieusement ou se contentent de rêver... ou attendent que d'autres agissent à leur place.
Et qu'est-ce que ça nous coûte de faire cette expérience ? N'est-il pas plus risqué et difficile de vivre seul en autarcie dans la nature que de le faire à plusieurs ? Compte-tenu des caprices du marché, n'est-il pas plus risqué de lancer une entreprise commerciale que de cultiver son propre jardin ? Au pire, ceux qui auront investi dans l'achat d'un terrain, récupéreront-ils leur mise (le foncier est généralement à la hausse). Rien n'empêche de convenir que, le cas échéant, chacun récupère ce qu'il a investi (en capital ou en travail)…Une telle aventure n'est pas plus risquée que n'importe quelle entreprise capitaliste.Elle est par contre porteuse de plus de sens, d'une meilleure qualité des rapports humains, et d'une résolution possible de problèmes mondiaux qui sont en train de nous conduire tout droit à la catastrophe.Alors, tant qu'à prendre des risques, autant mener une vie qui ait du sens…
Une telle initiative serait l'émanation du sens de la fraternité qui est en nous.A chacun de penser avec rigueur, afin de se libérer de certains conditionnements. A chacun de savoir ce qui est en lui, et de le vivre. Personne ne pourra le faire à sa place.
Une guérison
Dans une telle communauté, celui qui cherche à exploiter son prochain ne pourrait le faire, il tendrait à être rejeté des autres. Qui plus est, il ne bénéficierait de la solidarité de personne. La générosité humaine a ses limites… et elle peut aussi être intelligente... Au lieu d'engendrer la criminalité, ce système s'y opposerait. Il y aurait là une incitation non seulement au travail, mais encore au respect autrui…
Dans l'économie actuelle, qui engendre l'exclusion, il est difficile de ne pas venir en aide aux laissés pour compte : leur part de responsabilité est maigre et les injustices criantes. L'aide, forcément limitée, n'apaise pas le ressentiment des bénéficiaires, dont la dignité est bafouée, tandis qu'elle excite la jalousie des autres. Tout cela attise la violence et la xénophobie.
Le système proposé ici, obligerait tout le monde à se comporter de façon socialement positive, de façon juste et respectueuse… sans moraliser le moins du monde.
Cette approche s'oppose à celle, traditionnelle, consistant à demander un altruisme en toutes circonstances et même surtout lorsque l'environnement s'y oppose (en incitant à surconsommer, à thésauriser, à escroquer autrui…)Dans un système basé sur la propriété privée, les hommes sont incités à accroître leur richesse personnelle car elle leur apporte plus de sécurité, plus de jouissance, de pouvoir etc. Il en résulte des intérêts qui les opposent, des rivalités, des conflits. Ce système induit un comportement égoïste.On constate qu'en dépit de la morale traditionnelle, qui fustige l'égoïsme et glorifie l'altruisme, c'est bien un comportement égoïste qui domine depuis toujours : le conditionnement par le système économique l'emporte.
Cette opposition entre un discours moralisant et la réalité comportementale quotidienne entretient un conflit au sein des individus, de la culpabilité, de la colère, du cynisme…Ce malaise suscite la surconsommation, la toxicomanie, l'abrutissement dans le travail ou le divertissement.Les chiffres du PNUD donnés plus haut, révélaient clairement une humanité malade (stupéfiants : 500 MD). On comprend mieux maintenant pourquoi elle l'est…
Nos ancêtres ont vécu dans de petites communautés solidaires pendant des millions d'années. Durée nécessaire et suffisante au façonnement de notre nature profonde au-delà des aléas culturels. Il n'est donc pas surprenant que cette structure sociale convienne mieux à notre bien-être.
Conclusion
Donc, à la question " y a-t-il des chances raisonnables que nous puissions résorber la misère dans le monde ? ", la réponse est oui. Et nous avons proposé un moyen d'y parvenir.
Cette solution ne consiste pas à participer à des actions humanitaires, à des œuvres de bienfaisance, à militer dans un parti politique ou une organisation inter-gouvernementale, à découvrir une quelconque technologie miraculeuse... Elle consiste à trouver des compagnons avec lesquels mettre ses ressources matérielles en commun, à acquérir ainsi un outil de production, puis à travailler avec eux à un but commun (que chacun ait de quoi manger, se vêtir etc.)
Ainsi, on s'attaque à la source de la misère, et non pas à des symptômes. Ainsi, on propose une solution durable, satisfaisante, aisée à mettre en œuvre aujourd'hui même…Ainsi, on développe, en le vivant, un nouveau système économique, remplaçant l'autre, progressivement, sans effusion de sang, ni atteinte à la liberté de quiconque.Par cette action, on supprime la misère non seulement matérielle, mais encore morale. On élimine non seulement la misère, mais aussi les fléaux menaçant aujourd'hui la survie de notre espèce (sur-armement, destruction du milieu naturel…)
Voici donc une action qui en vaut la peine, tant par l'ampleur du bienfait qu'elle entraînerait que par la modicité de son coût.D'ailleurs, s'agirait-il réellement d'un coût ? Le bonheur a-t-il un coût ?

lundi 3 novembre 2008

La démarginalisation des pauvres par le droit

Exclus de la prospérité
La plus grande partie des 3 milliards de pauvres de la planète
vivent en marge de la loi, privés des garanties juridiques élémentaires
qui reconnaissent leur droit à un toit et à des biens et tiennent compte
de leur dur labeur. Sans droits de propriété, ils vivent dans la crainte
d’une expulsion forcée. Sans accès à la justice, ils sont victimes de la
corruption et de la violence. Sans la protection du droit du travail, ils
sont exploités dans des conditions inacceptables et dangereuses. S’ils
sont propriétaires d’une entreprise du secteur parallèle, ils ne peuvent
pas bénéficier de la protection juridique que les entrepreneurs du
monde développé considèrent comme allant de soi – leur horizon
économique est complètement bouché aussi bien dans leur propre pays
que sur le marché mondial. Beaucoup d’entre eux ne sont pas déclarés
à la naissance et n’ont pas accès aux services publics de base. Sans la
protection de la loi, les pauvres voient leur capacité de créer des
richesses vouée à l’échec; sans accès à la justice, ils sont bafoués dans
leur dignité. Même si la plupart des pauvres possèdent des biens sous
une forme ou une autre, ils ne peuvent pas en fournir officiellement la
preuve sous la forme de pièces juridiquement solides comme des titres
de propriété, des contrats ou des permis. Les pauvres vivent et
travaillent dans le secteur non structuré de l’économie, en marge des
règles applicables et largement reconnues. Un assemblage composite
et déroutant de règlements qui se contredisent ou se recoupent
empêche beaucoup d’entre eux d’avoir accès au système officiel. Bien
souvent, les lois et les procédures légales qui garantiraient leurs droits
ne sont pas appliquées, elles ne sont pas conçues pour les pauvres.
Démarginalisation des pauvres par le droit :
libérer le potentiel humain
Coprésidée par Madeleine Albright, ancienne Secrétaire d’État
des États-Unis et Hernando de Soto, économiste péruvien et fondateur
de l’Institut pour la liberté et la démocratie, la « Commission pour la
démarginalisation des pauvres par le droit » est la première initiative
mondiale expressément axée sur le lien entre l’exclusion, la pauvreté
et la loi.
Les dirigeants mondiaux s’accordent à reconnaître que l’octroi
d’une protection juridique et de droits de propriété offre des
possibilités encore inexploitées de contribuer à l’atténuation de la
pauvreté et à la promotion d’un développement économique de grande
envergure. Mais ils savent aussi que la mise en place de systèmes
juridiques qui donneraient à des milliards de personnes les moyens
d’améliorer leur existence est une tâche complexe et cherchent un
nouveau consensus sur les moyens d’y parvenir. Agissant en
partenariat avec les gouvernements et avec les organisations
multilatérales, non gouvernementales et communautaires, la
Commission s’emploiera à bâtir ce consensus. À cet effet, elle
analysera les avantages et les risques réels de la reconnaissance de
droits officiels à ceux qui vivent en marge de la légalité, en
s’appuyant sur la réalité quotidienne des bidonvilles et des zones
d’installation « sauvage » dans le monde. Elle s’efforcera également
de trouver les moyens susceptibles d’encourager les décideurs de haut
niveau à changer le statu quo, à appuyer des mesures qui étendent à
tous l’accès à des moyens équitables et fiables de régler les différends,
et à rendre les gouvernements plus accessibles et plus transparents à
tous les niveaux pour que les pauvres puissent exercer les droits qui
leur sont reconnus par la loi.
Tirer les leçons de l’expérience : politiques fondées
sur la pratique
Pour ouvrir de nouveaux horizons à la démarginalisation des
pauvres par le droit, il faut comparer les enseignements tirés de par le
monde et par diverses institutions et organisations, et les mettre à
profit pour changer le sort des pauvres. La Commission a lancé deux
grandes initiatives à cette fin. Des groupes de travail rassemblent
certains des meilleurs spécialistes et praticiens du monde dans les
domaines clefs du travail de démarginalisation des pauvres par le droit
: état de droit et accès à la justice; droits de propriété; droit du travail;
entreprenariat et commerces licites; feuilles de route pour la mise en
oeuvre des réformes. Ces cinq groupes collaborent avec des
organisations internationales et des organisations de la société civile,
des gouvernements donateurs et des pays qui ont mis en oeuvre des
réformes, en analysant les enseignements tirés de projets passés et en
participant à des initiatives de développement en cours. Ils publieront
chacun un rapport final qui éclairera et guidera la prise de décision.
Des consultations nationales et régionales ont lieu en Afrique, dans les
Amériques, en Asie et en Europe, avec les parties prenantes locales
qui vont des décideurs de haut niveau aux représentants des pauvres.
Ces rencontres aident la Commission à ancrer son travail dans la
réalité locale et lui permettent de formuler des recommandations qui
tiennent compte de la diversité des milieux culturels,
socioéconomiques et politiques.